PdV (Pénis dans Vagin) La suite :
« Considérant que de toute maniere les hommes n’abandonneront jamais la penetration » Citer :
Je crois que vous avez parfaitement mis le doigt sur le problème. Ce que vous dites, c’est que même si nous on voulait arrêter le PdV, les hommes ne VEULENT pas abandonner le PdV. Mais ils pourraient le vouloir, sans qu’on le veuille, et que pour autant que ça ne se fasse, qu’ils n’aient aucun moyen de l’imposer. Or tous les moyens leurs sont donnés pour que nous ne puissions pas totalement le leur refuser. Et ce que vous dites implique que vous êtes consciente qu’ils l’imposent car sinon elle n’y aurait pas ce sentiment d’inévitabilité au PdV.
En commençant par l’endoctrinement, dont les moyens d’endoctrinement appartiennent aux hommes, sont faits par et pour eux (éducation, langage, état, religion, médias, art, culture, films): qui fait que nous pensons que le PdV, dans le couple, est obligatoire, incontournable, et si nous n’aimons pas ça, elle faut simuler, ou croire qu’elle y a un problème avec noues-mêmes. Qui fait que nous culpabilisons si nous ne faisons pas de PdV avec notre copain car ce serait « l’arnaquer » sur le « contrat » de couple, ce serait, quelque-part lui retirer son « droit » à la « sexualité », donc à son accès à notre vagin.
Ensuite, les chantages affectifs, le fait que l’on nous a inculqué à voir le PdV comme une sollicitation positive de la part des hommes; et que noues sommes parallèlement rendues dépendantes de la sollicitation des hommes pour se sentir exister, aimée, désirable, alors ils nous rendent émotionnellement dépendantes du fait qu’ils nous trouvent « baisables », alors qu’en réalité, c’est le moyen par lequel ils assurent notre destruction.
Ensuite, la mise en dépendance économique: les hommes détiennent, monopolisent, ont volé 99% des ressources mondiales. Ils volent aux femmes les moyens de subsistance, mettent en place la dépendance des femmes aux hommes pour leur survie économique et financière (+ institutionnalisé et cristallisé par le mariage, ou le couple, continuum du mariage), ce qui correspond à une mise captivité. Cette captivité sert à ce que nous puissions fuir le PdV. Que nous le voulions ou non.
Ensuite, par la violence individuelle, mais évidemment soutenue par une structure patriarcale qui rend cette violence individuelle des hommes possible. Qui passe par le simple fait d’insister, ou de faire sans demander, malgré le silence ou la froideur manifeste de l’autre.
Je suis d’accord que la sodomie est une atrocité pour les femmes. La sodomie n’a d’autre but que d’accroître la punition, c’est totalement sadique – aucun argument de plaisir n’est défendable dans ce cas. Mais pour que l’on puisse croire qu’une sodomie, là encore c’est pire qu’une grossesse non-désirée ou un avortement suite à un PdV, ou à des années de pilule, à des maladies irréversibles, je crois vraiment que c’est parce que c’est un dommage qui ne peut être vécu par un homme, qui n’a pas été défini par eux comme tel, et qui donc est très difficilement vécu comme préjudice. Le langage et la réalité des hommes est ce qui définit notre réalité. Or leur réalité c’est que le PdV c’est du sexe sans conséquences, une érection et une éjaculation. Cette réalité n’est pas la nôtre. Mais pour redéfinir les préjudices en nos termes, en fonction de notre réalité, ça prend un temps fou, car ça demande de sauter de perspective, de quitter la perspective des hommes, celle qu’ils appellent « universelle » et la seule qui vaille dans leur monde, pour ressentir et nommer ce que jamais ils ne nomment.
Dans ce cas est ce que la seule sexualité envisageable avec un homme est selon vous : la masturbation et le sexe oral ?
Réponse Citer :
Je comprends cette question. la question du PdV pose la question plus large de la sexualité, car toute la sexualité telle qu’elle est construite aujourdh’ui est construite autour du coït et de la pénétration comme principal mode de plaisir.
Si l’on engage le débat sur la sexualité plus largement, la « sexualité » d’aujourd’hui est de toutes façons complètement phallocentrée, c’est à dire concentrée sur l’érection de l’homme et le plaisir qu’il procure à pénétrer son pénis dans quelque-chose (lire à ce sujet Adrienne Rich, Sheila Jeffreys et d’autres lesbiennes féministes qui en parlent très bien). S’il n’y a pas un pénis, il y a quelque-chose qui va remplacer physiquement ou symboliquement le pénis, comme si notre corps, tout seul, était incapable de nous procurer du plaisir, et qu’en l’absence de pénis, même l’IDEE ou l’IMAGINATION de pénis est vu comme nécessaire pour atteindre le plaisir. C’est un mensonge absolu.
Je pense qu’en dehors du PdV, la sexualité telle que les hommes la définissent, qui se réduit principalement au fait qu’un homme mette sa verge dans quelque-chose (et hop! c’est appelé « sexe »), n’a plus de sens, en tous cas pour les femmes. Or à partir du moment où on dit que le PdV ne peut être du sexe pour les femmes car ça nous porte préjudice, que l’on le veuille ou non, et que c’est un moyen qui est utilisé pour nous détruire, et plus généralement utilisé comme arme de guerre contre noues, ben toute la « sexualité » construite autour du PdV tombe à mon avis.
à l’heure actuelle, puisque le PdV est défini par les hommes comme sexe, toute connotation au PdV est défini comme sexe, ou sexuel, alors que que ça peut être un doigt dans la bouche – mais si le doigt est utilisé « dans un contexte de sexualité » pour connoter un pénis, et la bouche pour connoter un vagin, alors ça va être défini comme sexuel. Quand c’est pas connoté au PdV, donc défini comme non-sexuel, là, par magie, la pénétration n’est pas vu comme un plaisir, c’est même considéré comme étant un moment désagréable à passer: quand un médecin nous met son truc dans l’oreille pour voir si on n’a pas un bouchon ou quelque-chose. Ou quand il nous met un bout de bois au fond de la gorge pour regarder nos ganglions. (Comme personne ne nous bombarde de messages quotidiens pour nous faire croire que c’est jouissif, que c’est le comble de la vie de couple de trouver un homme qui nous fait ça deux fois par semaine, et que c’est le septième ciel, peut-être qu’on est aussi plus connectées avec noues-mêmes et ce que ça nous fait.)
Pour quoi dans d’autres cas, la pénétration du pénis dans la bouche par exemple, serait-ce considéré comme sexe, alors que le pénis en érection, c’est bien plus gros, ça sent pas bon, et en plus c’est super intrusif, et au fond de la gorge, ça donne envie de vomir, et dans la bouche il n’y a pas vraiment de quoi susciter une excitation (comme un clitoris) qui pourrait arguer d’une telle pénétration au nom du plaisir (si ce n’est de faire plaisir à l’autre, mais dans ce cas on n’est pas dans se faire plaisir à soi). Et franchement au fond c’est dégueulasse, désolée mais je n’ai pas d’autre mot. Je me porte mieux sans bites dans la bouche. Désolée pour être graphique, mais c’est vrai.
Plus généralement, elle faut remettre en cause l’idée patriarcale qu’elle y a deux catégories d’humains: un humain pénétrant, et donc un être fermé, impénétrable, inviolable: l’homme. Et un humain pénétrable, dont la fonction est d’être ouverte, pénétrée, violable; la femme (définie par les hommes comme l’objet, « l’autre » qui appartient ou sujet homme. ça veut dire que par définition, dans le patriarcat, notre fonction est d’être physiquement toujours accessibles aux hommes. D’être exilées de nos corps en physiquement envahies. Une pénétration c’est envahissant.
Je pense que si l’on veut construire une sexualité égalitaire, en plus de cesser ou fuir le PdV comme pratique régulière si l’on en a la possibilité (puisque destructive pour les femmes) elle faut prendre en compte cela, et considérer que tout humain est inviolable, et que respecter l’intégrité physique doit être un fondement. Le fait que la société (des hommes) voit le vagin comme un « trou » dont la fonction est d’être pénétré par une verge est extrêmement violent, car ça veut dire que notre sexe, notre intimité, notre identité est construite sur le fait d’être pénétrable, violable ouvert à l’autre, voué à être foulé, scruté, et non nous appartenant. Il n’y a rien de plus sadique pour annihiler et de plus complètement faux. Le vagin, ce sont deux sphincters de muscle collées l’une contre l’autre, et si c’est aussi musclé (ainsi que l’utérus, qui est le muscle le plus puissant des humains) c’est parce que sa fonction, si elle en a une, c’est d’expulser un bébé pendant l’accouchement.
Source :
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